MOULINS & Nombre d’Or

LE NOMBRE D’OR dans les MOULINS PORTUGAIS

Moulin type SESIMBRA – Moulins de MOLEDO

Etude des proportions

Qui dit moulins dit grains.

Autrefois les anciennes mesures étaient basées sur la largeur d’un grain d’orge, soit 0,2247 cm. Pour bâtir, on utilisait des unités plus grandes basées sur le corps humain – coudée, pied, empan, palme, paume, pouce, ayant leur correspondance agraire avec le grain d’orge. La coudée royale de 52,36 cm était la longueur de 233 grains d’orge posés côte à côte ; le pied de 32,36 cm, soit 12 pouces, correspondait à 144 grains. On partait donc d’une mesure stable offerte par la nature pour engendrer la géométrie du Nombre d’Or aux propriétés uniques.

Qui dit grains dit moulins

Un sympathique exercice de style.

Notre analyse débute avec le dessin d’un moulin portugais de type SESIMBRA, dû à M.Michel SUBRENAT-AUGER dont une photo sur le net avait attiré notre attention. A vue d’œil, il semblait proche de formes géométriques connues des tenants de l’Art du Trait, ou/et des proportions dorées chères aux peintres et sculpteurs de la Renaissance. L’idée était donc d’approfondir le sujet pour savoir si le nombre d’Or entrait dans la construction de ces moulins très esthétiques, car nombreuses furent les constructions rurales réalisées autrefois en Europe d’après les lois vitales de la Nature.

Enquête sur le terrain.

La planche couleur d’un moulin de type Sesimbra faite par Michel Subrenat-Auger sert de support à notre étude. Ce type de moulin aurait-il bénéficié d’un apport géométrique particulier dans sa construction, privilégiant la section dorée ? Peut-être, car cette proportion mythique est un primaire d’économie qui régit la création et le monde des bâtisseurs. On obtient ainsi un résultat optimal avec le moins d’énergie et de matière possible. Vauban l’utilisa sans restriction dans l’édification de ses innombrables forts pour ces raisons économiques (temps-argent-matière). 

Ce dessin est précis comme le souligne son auteur.  Tentons de le décomposer.

Ainsi,

L’élévation livre en coupe un carré abritant le mécanisme et un triangle, le toit rotatif posé sur la sablière de pierre, protégeant les engrenages et l’arbre de la voilure.

Détaillons la coupe carré, en rouge :

L’étude des proportions est réalisée au compas, avec :

  • En rouge, le volume intérieur du moulin
  • En pointillé bleu vertical, l’axe de rotation des meules
  • En trait blanc, la diagonale des 2 demi-carrés et leurs arcs respectifs en pointillé bleu également.
  • En vert, la base du blutoir (Ponte e Urreiro)

On distingue :

  • Le volume intérieur en coupe est carré. Ce n’est pas anodin car tout carré se décompose en rectangle d’or et inversement.
  • L’axe des meules divise le carré en deux rectangles égaux, verticalement.
  • Si nous considérons le ½ carré ainsi divisé, ses proportions sont de 1 sur 2 , soit l’octave; sa diagonale vaut √5 ; par définition ce demi carré génère des médiétés géométriques, arithmétiques et harmoniques, c’est-à-dire toute la batterie du nombre d’Or et en particulier celle du pentagone étoilé.
  • Autre coïncidence : le blutoir, pointé en 6 sur la photo, est exactement positionné à l’intersection des médiatrices des côtés du carré, soit à mi-hauteur et mi-largeur du volume intérieur.
  • Toujours dans le domaine du pur hasard, si nous rabattons la diagonale √5 (blanche) vers l’horizontale, en l’occurrence vers le sol, cette diagonale semble fixer la largeur de la base extérieure des murs. L’emprise au sol des murs serait donc sous √5. Ceci n’est pas sans rappeler les procédés similaires adoptés pour le tracé des cathédrales. Les murs correspondraient à une bordure dorée.

Soit l’analyse géométrique de la coupe du moulin, sous réserves de vérifications ultérieures.

On comprendra qu’il y a déjà suffisamment d’éléments en rapport avec la proportion dorée pour faire preuve de plus de curiosité.

Enfin, la pente du toit ( coiffe) montre qu’elle est très proche des 51°, soit presque celle de la grande pyramide de Giseh et répond au tracé  √5 des esquisses. Hasard ou continuité ?

Il y a d’autres récurrences géométriques auxquelles nous ne nous attendions pas, mais nous n’avons pas voulu aller plus loin sans disposer de plans. Ces résultats sont déjà très encourageants.

Beaucoup de questions se bousculaient, la principale étant de savoir si la « Divine proportion » était bien utilisée dans la construction des moulins portugais de type Sesimbra en général, leur érection étant assez tardive (XVIII) ou si l’architecture du moulin-type représenté ici est une exception.

Monique MENELOT fut notre guide fin février 2020 ayant une bonne connaissance des moulins. Elle a écrit un livre en français et en portugais en collaboration avec Fernando Henriques ancien meunier et propriétaire du moulin que nous avons étudié. 

D’après les discussions avec le propriétaire M. Fernando HENRIQUES et l’équipe regroupée à cette occasion, comme Francesco JACINTO qui enseigne à Loures (proche Lisbonne) ce patrimoine vivant, il ressort que la construction d’un moulin est aussi une entreprise intuitive, basée sur une connaissance transmise oralement. Le Moulin s’adapte au terrain situé de préférence sur une zone de vents les plus réguliers possible. Sa taille dépend des besoins.

Petits ou grands, les moulins renvoient une image homothétique puisqu’ils répondent tous au même cahier des charges et sont souvent implantés proches les uns des autres.

C’est cette répétition de formes semblables qui crée l’harmonie telle que nous la voyons sur d’innombrables photos.

A l’écoute des descendants, actuels propriétaires (février 2020), le plan n’obéirait pas à des proportions géométriques particulières, comme celles utilisant la suite de Fibonacci par exemple. Pourtant, on constate que dans bien des cas, les proportions sont proches des formes générant le nombre d’Or, ses multiples ou sous-multiples. 

Les proportions des ouvertures, portes ou fenêtres, sont souvent les premières à parler. Prenons comme exemple, l’entrée du moulin de M. HENRIQUES

Notons que l’encadrement de pierre est réalisé à marges égales. 

Même avec la déformation de l’objectif photo, un gabarit nous donne un passage de porte dans un rapport très proche de 2,236 qui est un multiple du nombre d’Or. Coïncidence ? sans doute pas pour cet élément important comme la porte d’entrée.

Pour les dimensions plus générales, les villageois travaillaient à l’instinct, au coup d’œil. Ils ressentaient le bon équilibre, la bonne et belle dimension de la forme à adopter. Mais comment l’expliquer ? 

On sait que le corps humain est lui-même proportionné au nombre d’Or, comme les plantes ou les animaux. Notre coup d’œil dans l’évaluation de l’équilibre d’une forme est complètement influencé par la divine proportion chère à Lucas Paccioli ou Léonard de Vinci. 

Nous sommes des enfants de la Nature et la Nature, dans sa grande diversité, utilise le coefficient de croissance Phi = 1,618 et ses dérivés. L’esthétique du beau est celle du nombre d’Or, telle que notre organisme, agissant comme un prisme, nous la fait percevoir de manière inductive. 

Il est donc normal qu’instinctivement nous ayons « le sens de cette proportion ». C’est d’ailleurs le cas des plus grands musiciens dont les partitions sont entre 75 et plus de 90% rythmées sur la proportion dorée. L’instinct musical, l’instinct des formes architecturales accordées sur Phi est dans l’Homme. Les villageois portugais savaient appréhender en eux cet élément pour bâtir de beaux moulins.

Venait ensuite l’adaptation du beau à l’efficacité technique. 

Là encore, l’école du vivant nous apprend que rien n’est parfait. Il y a un modèle idéal, mathématique, et une adéquation au lieu. Il y a une théorie puis des variations qui optimisent. C’est la règle dans toutes les constructions utilisant Phi, que ce soit pour des réalisations humaines ou celles de la nature (coquillages, fleurs, arbres  etc.)

Il faut savoir que les moulins sont tous différents, par définition.

Il y a donc un compromis très intéressant mis en place afin de pouvoir travailler efficacement dans un lieu où l’on se sente bien, lieu vivant, gratifiant, valorisant, qui fait toujours la fierté de leur propriétaire.

Voilà ce que nous pouvons dire pour le moment, sous les réserves habituelles compte tenu  des documents dont nous disposions, mais nous n’en avons pas fini. Nous attendrons de disposer de mesures précises pour revenir vers les moulins portugais. Le plan du moulin type SESIMBRA publié est très proche de la réalité, le dessin est une base relativement exacte a tenu a préciser l’auteur.

Les Moulins de MOLEDO n’ont pas encore fait l’objet de plans, comme la plupart des moulins du Portugal ou d’ailleurs. C’est un gros travail de tout mesurer et de documenter avec précision. Nul doute que ce travail de mémoire s’étoffera au fil du temps pour le rayonnement et la préservation de ce patrimoine unique.

En quoi le nombre d’or est-il important ?

Cette proportion est présente dans l’univers, de l’insecte aux mouvements des planètes redécouverts par Kléper.  Les anciennes civilisations connaissaient déjà l’importance du nombre d’Or comme le témoignent leurs monuments. Construire au nombre d’Or, un objet ou un temple gigantesque, c’est se mettre au diapason du cosmos. La nature suit ces règles.

Quand on construit au nombre d’Or, on cherche à relier la Terre et l’Homme avec le Cosmos (Patrice MEYER), ce que les anciens appelaient « LA GRANDE CONSONANCE »

Le NOMBRE est l’ESPRIT de la création

La GEOMETRIE en est l’AME

L’ARCHITECTURE en est le CORPS

De nos jours, on ne construit plus au nombre d’Or, sauf pour des réalisations prestigieuses. Par chance il y a encore de nombreuses maisons, habitats ou lieux implantés suivant ce principe immuable.

Les heureux possesseurs d’un tel patrimoine vivent dans un endroit harmonisé comme une œuvre d’art, et il est bon de le savoir.

Les moulins portugais, construits d’instinct ou en connaissance rationnelle des canons de la PROPORTION DIVINE ( Lucas Paccioli) expriment cet équilibre.

A ce titre, ce sont des œuvres à préserver.

Références :

Le site du nombre d’Or :  maisonnombredor.fr

Michel SUBRENAT-AUGER, dessin d’un moulin type Sesimbra à une meule ; http://www.moulins-moinhos.msa-modelisme.eu/page12/page2/page2.html

plus le dessin du grand moulin de Beja à deux meules http://www.moulins-moinhos.msa-modelisme.eu/page12/page0/page14/page14.html

Au sujet de ce grand moulin à deux meules,  un livre a été conçu dessiné et photographié par Francisco Dias SOARES avec la collaboration de sa famille, propriétaire du Moinho Grande de Beja. Le livre n’est pas commercialisé, puisqu’il a été édité avec des fonds publics. Cependant il est disponible à la mairie de Béja.

Monique MENELOT, a écrit avec Fernando  HENRIQUES  un livre sur son moulin :

« Moledo : Un patrimoine à préserver : Histoire et technique du grand Moulin ». Le livre n’est pas édité, il le sera bientôt en version électronique. 

Monique MENELOT anime des ateliers d’écriture dans la capitale portugaise au sein de Lisbonne Accueil. Elle participe à l’animation du village et aide à la préservation de ce patrimoine précieux  que sont les moulins.

Le CONSERVATOIRE DU LIVRE cdl.dirparis@gmail.com

Notre organisme regroupe un réseau de compétences spécialisées sous l’angle nombre d’Or, que ce soit pour des projets industriels ou commerciaux, ou encore des ensembles architecturaux et artistiques.

Le CDL délivre des expertises Nombre d’Or : bâtiments et jardins, peintures, artefacts, propriétés, plans, citées anciennes ou modernes,  etc.

Le CDL construit des labyrinthes et des œuvres d’art uniques, au nombre d’Or.